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Il faut sauver la station PROUVE d'Antibes

IL FAUT SAUVER LA STATION PROUVE

Classe de troisième 2014-2015
Une écriture augmentée Arts Plastiques et Lettres
Jérôme Sadler et Dominique Khaldi

Ce travail a pour objectif de préparer le classement au "label patrimoine "de cet objet architectural du patrimoine de proximité.
En effet la station en retrait de la chaussée est  passée inaperçue lors des différents recencements du patrimoine du XXème.

 

A la fin des années 1960, Jean Prouvé (1901-1984), architecte et designer autodidacte,
auteur de nombreux principes constructifs pré-assemblés, participe à cette nouvelle orientation de l’architecture qui se veut nomade.
Il a conçu des éléments structurels qui permettent d’élever en quelques jours des habitats,
comme la maison Alba qui donne à l’abbé Pierre la solution pour loger les « sans abri ».
En 1960, cet architecte crée un prototype de station-service, conçu pour être déplacé selon les variations du trafic,
au rythme de l’urbanisation des grandes villes et du tracé directeur des voies de communication.
Ce modèle est constitué par un ensemble polygonal à 13 faces, entièrement démontable, sur deux niveaux et il fut édité en une soixantaine d’exemplaires.
Une station-service de Jean Prouvé se trouve sur la nationale 7, célèbre « bandeau bitumeux » qui relie la capitale à la Côte d’Azur, en pleine zone commerciale,
à la sortie d’Antibes et au croisement de l’autoroute. En retrait, par rapport aux voies empruntées par les automobilistes,
cette station passe inaperçue. Pourtant on peut y voir le témoignage d’une époque où l’on faisait le plein d’essence pour découvrir l’espace des congés payés, ces horizons méditerranéens chers aux artistes résidents, comme Pablo Picasso, les artistes de l’Ecole de Nice, invités au festival de Cannes, au volant de belles américaines aux chromes rutilants, les Nouveaux Romanciers et les OuLiPiens , en quête d’édition…

Les textes de ces auteurs et l’œuvre de Jean Prouvé ont été abordés, initialement, par des extraits choisis dans le roman culte de « La Beat Génération », Sur la Route de Jack KEROUAC, et ont été bercés par la musique de Charlie PARKER, pionnier du Jazz Be Bop. Nous avons imaginé que Dean Moriarty et Sal Paradise, les héros du roman, avaient décidé de traverser l’Atlantique et de déployer le célèbre rouleau sur la Nationale 7. Plus au sud, Robert SMITHSON, Michael HEIZER auraient délaissé un instant leurs tractopelles, Supermarket lady son caddie®...

Des ateliers d’écriture ont été mis en place, sur le fond musical de jazz des années cinquante et soixante. Les élèves ont lu les textes des écrivains étudiés et leurs propres textes, à la manière de KEROUAC, scandant ses phrases sur des morceaux de saxophone et de contrebasse. L’oralité, esthétique kérouacienne , a été totalement appréhendée par les élèves. Et pour tenir compte de l’un des objets d’étude essentiel, en classe de 3ème, le récit d’enfance et (ou) de jeunesse, ils ont joué les rôles du pompiste, du galeriste, de l’expert et personnifié la station-service qui a répondu à leurs questions, lors d’une interview enregistrée, permettant de faire classer le bâtiment au patrimoine mondial. Ces questions auxquelles la station répondait, avec gentillesse et un réel « plaisir », concernaient sa paternité (Jean PROUVE), les étapes de sa création, ses différentes caractéristiques et ses usages.

Elle est devenue « le passage obligé » des automobilistes artistes ou personnages fictifs. Ainsi Zazie, la « mouflette » est parvenue à convaincre son oncle Gabriel et Charles, le chauffeur de taxi, de quitter Paris et d’emprunter la Nationale 7, pour aller « voir la mer ». Raymond QUENEAU, installé dans le taxi, avec ses personnages, assiste à la mésaventure d’un automobiliste voulant laver son véhicule et qui a été « douché » par le robot qui ne fonctionnait plus. L’écrivain raconte, bien évidemment l’anecdote, en la déclinant, à travers différents registres. Niki de SAINT PHALLE et Jean TINGUELY viennent également à la station pour laver leur dernier véhicule-tribute et y mettre du carburant, avant de se rendre à Cannes où le sculpteur CESAR les attend pour une nouvelle compression. De Staël s'y arréte après avoir signé l'horizon. Guy ROTTIER transportant sa maison de vacances volante chez Le CORBUSIER. Daniel OROZCO réve de revisiter le mythe de la DS (Mythologies, R. BARTHES) en monoplace pourpre. Peter KLASEN la croise en allant à sa maison-atelier. Et Robert VENTURI s'y arrète à la recherche d'autres"road signs"

Tous ces artistes, écrivains ou plasticiens , ainsi que leurs personnages, se retrouvent donc à la station d’Antibes pour faire le plein d’essence, métaphoriquement « le plein » d’images et de textes afin de continuer leur voyage, de lieu en lieu, d'espace en espace.


Un premier constat de convergence
Nous sommes à l’heure du Numérique, de la convergence des medias et des réseaux sociaux. Nos élèves sont connectés en permanence, échangent images et textes pour « enregistrer » leur vie dans l’instant. Jamais la captation d’images du réel n’a été si continue. Jamais cette « binarité de l’oral et de l’écrit » n’a été aussi avérée, grâce à ce langage symbolique commun qui articule et fait vivre la réalité que perçoivent nos élèves. La relation de l’image, du texte écrit ou « oralisé », au temps, mérite que les professeurs y réfléchissent.
Le support, l'écriture augmentée
Nous avons imaginé une écriture multi-modale, multi supports qui, à la manière d’un « livre d’artistes », réunirait textes narratifs et/ou dialogués (mis en voix , pour certains), commentaires, photos, tableaux, autour des œuvres imposées en 3ème, une mise en abyme commentée des œuvres inscrites au programme.
En exploitant les ressources numériques de parcours virtuels les élèves sont amenés à explorer l'environnement de la station. Via Google Earth. De mème l'appropriation d'une modélisation 3d sur Google Sketchup va permettre de construire de nouveaux points de vue. Les éléves se déplacent d'espace en espace, de modélisation 3d en panorama en deux dimensions.

Relance L'oralité:
consolider l'élève pour l'épreuve terminale d'histoire des arts Chacun des élèves va s’approprier l’identité d’un artiste du XXème siècle. Ils pourront également s’approprier celle d’un personnage littéraire ou plastique. En revanche, nos « artistes » et « personnages » ne vont pas se contenter d’échanger autour de leurs postures et esthétiques respectives, mais vont devoir créer des textes écrits ou oraux, des images, précédant, commentant, ou suivant les textes ou images choisis.

Objectifs

Approcher les « mécanismes » de la création artistique, en contribuant à la production d’une « œuvre ouverte », expression hybride, transgressant les frontières de l’oralité et de l’écriture,du texte et de l'image mais, toujours dans la passation des savoirs. Mettre en œuvre des activités propres à permettre aux élèves de s’approprier l’esthétique des artistes (écrivains, musiciens, plasticiens, architectes, designers, théoriciens)

En Arts plastiques : En questionnant les modes de représentations de l'espace, sa relation intime à l'architecture et à la ville depuis la tavoletta... Interroger la pratique numérique contemporaine, la conversation photographique, laboratoire de l'image-texte- instantanée dans le temps et l'espace, sa matérialité éphémere dans les albums des réseaux sociaux. Questionner le statut de l'image numérique ( la prise de vue, le cadrage, sa picturalité, les filtres, la vintagisation...) dans les processus de constructon de l’image fixe et de l'image en 3d puis ses modes de diffusion : photographie indexée, commentée, confrontée, partagée. Réaliser des allers et retours entre les différents modes de représentation de cet espace environnant. Modélisation 3d, cadrage cinématographique et ses liens avec le monde du jeu vidéo ( la ville de Los Santos...)

Faire de la conversion de l'image numérique une conversation.

En Lettres : Transformer la lecture de l’élève en performance d’écriture : « le texte est […] un tissu d’espaces blancs, d’interstices à remplir… » Umberto Eco, Lector in fabula. Aborder la question du temps, une des structures fondamentales du récit et les effets qui en résultent par l’insertion de moments.
Exploiter les images construites en Arts plastiques, en vue d’une narration ou d’un débat, d’une interview.
Faciliter les acquisitions en matière d’écriture (orale ou rédigée)
Mettre en œuvre de nombreuses et appétentes situations d’écriture, notamment par la mise en voix des textes étudiés et produits par les élèves. Contribuer par cette action à l’acquisition de compétences, de connaissances et de culture du socle commun.
Contribuer à l’acquisition de connaissances et de compétences en Histoire des Arts
. →Lien sur la plate forme


Ressources documentaires

Tiger 

Guide d'architecture contemporaine en France.– 1972 Amouroux, Crettol et Monnet

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Galerie Patrick Seguin

TOTAL FILLING STATION, 1969

3 x ø 8 m
10 x ø 26 feet
Narbonne, France.

In 1969 energy provider Total began implementing a mass-production policy for its gas stations: the big ones on France’s freeways and the smaller roadside units.

→ vers la publication

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DRAC PACA

  • département : Bouches-du-Rhône
  • commune : Marseille
  • appellation : Station service
  • adresse:173 boulevard de Saint Loup
  • auteur : Jean PROUVE (ingénieur)
  • date : c. 1970
  • protection : édifice non protégé
  • label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 15 mars 2007
  • lien
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BEURE
La station Agip de Beure, à l’entrée de Besançon, vient d’être inscrite à l’inventaire des monuments historiques.
 
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Sur le site du centre Pompidou
Station Prouvé - Accueil Nantes Tourisme

Réhabilitée à l’occasion d’Estuaire 2009, elle permet de vivre et partager un moment de l’histoire du design. Sur place, retrouvez les services Nantes.Tourisme pour vous aider à concevoir votre séjour : documentation, billetterie, visites guidées, pass…
→vers la station

 

Créa : Jean Prouvé – Jean-François Godet

Restauration / Reconstruction /  Agencement : Métalobil

Architecte : Matthieu Lebot

BET Structure : ERM
Maîtrise d’ouvrage : Jean François Godet (Designer)
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N20 La station Jean Prouvé d'ARPAJON

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Le réseau national des micro et mobiles architectures

On pourrait s'étonner de trouver ici cette station-service. En effet, la mobilité n'est pas ici la raison d'être du projet de Jean Prouvé mais le caractère parfaitement démontable de cette construction est indéniable. Il s'agit donc d'une mobilité technique mais pas d'image. Par contre, il est, comme souvent pour l'oeuvre de Jean Prouvé facile à l'oeil de reconnaître ici une forme de légèreté sur le sol, voire même de fragilité apparente.

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DEMONTAGE

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A NIORT

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Tiger A EVREUX
 
 
 

Architectures de station