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David VINCENT

David VINCENT "A propos de Nancy Crater" une oeuvre collaborative et participative Prêt du FRAC PACAmenu_02

Cette œuvre singulière est une base de données interactive et évolutive, qui nécessite une réactivation continue passant par la production de textes, documents... Elle sera donc l’occasion d’impliquer les élèves dans des productions multiples (textes critiques, travaux plastiques, témoignages, correspondance, articles de presse, journal intime, discussions...) qui seront intégrés à la base de données, dépassant la seule action de sensibilisation du regard ou la critique artistique. Appuyée sur l’acuité d’un public constitué avant tout de jeunes adolescents, la réflexion engagée vise moins à l’apprentissage qu’à la compréhension d’une démarche singulière mais représentative de la création d’aujourd’hui souvent manipulée par le discours. Le choix de cette œuvre au positionnement et à la forme plastique tout à fait originaux, qui laisse une grande place au discours sur l’art (mais aussi sur l’artiste, sa vie et ses activités) permet néanmoins une grande accessibilité visuelle et une facilité de manipulation et d’expérimentation.

MAIS qui est Nancy CRATER? Après quelques recherches dans les archives de L'US.S. Enterprise..
En 2254, Nancy est l'amie du  Docteur Leonard McCoy. Elle avait même un surnom pour lui "Plum" (littéralement prune). Leur liaison prit fin en 2256, mais les sentiments de McCoy a son égard restèrent inchangés depuis lors.
En 2261, elle faisait partie, avec son mari Robert, d'une mission archéologique sur la planète M-113. Ils composaient à tout deux, l'ensemble de l'équipe scientifique. Nancy fut assassinée, pour le sel contenu dans son corps, par la créature de M-113.
En 2266 , une mission d'approvisionnement conduit par l'USS Enterprise NCC-1701 sous les ordres du Cpt James T. Kirk revint sur M-113. Quand l'équipe d'exploration rencontra les époux Crater, ils virent chacun une différente Nancy. pour McCoy, elle apparut jeune ; pour Kirk, comme une femme bien plus âgée et pour le membre d'équipage Darnell comme une jeune femme blonde qu'il croyait avoir connu. Il s'agissait en réalité de la créature vampire de M-113, utilisant ses pouvoirs hypnotiques afin d'approcher ses futurs victimes .
Il existait certaines évidences, que l'amour qui liait McCoy à Nancy Crater eût affecté la créature. A plusieurs occasions, elle aurait put le tuer facilement, mais ne le fit pas. Comme on peut constater qu'elle cherchait la protection de McCoy quand celle ci fut démasquée par Kirk et Spock.(TOS: "The Man Trap") David VINCENT

À propos de Nancy Crater, occupe une place tout à fait originale dans le travail de David Vincent. Sa seule fonction étant d’introduire l’artiste Nancy Crater, son travail et ses productions dans le réseau artistique. Une œuvre prétexte donc, qui convoque, par la mise en abîme, l’idée de duplicité de et dans l’art, celle de l’artiste et de son discours.

La production suscitée par Nancy Carter s’est donc dans un premier temps constituée sur la base du travail de son prédécesseur ; comme une seconde facette à la fois dépendante de sa notoriété et de son propos. Malgré cette filiation forte, cette activité s’est rapidement détachée des analyses initiales proposées par Maria Wutz - spécialiste des œuvres de la collection Yoon Ja et Paul Devautour, dont David Vincent fait partie - devenant ainsi complètement autonome. Aujourd’hui, sa production se réalise de manière interactive et évolutive, sur la base de son site web, accueilli par l’hôte immediate.org. Ce site est « en réalité », la seule visibilité de l’œuvre de Nancy Crater, qui ne s’est jamais réalisé autrement qu’à travers cette plateforme. Là, sont compilés l’ensemble des témoignages critiques recueillis sur elle depuis 1994, c’est-à-dire depuis son introduction dans le réseau de l’art et parallèlement celui de la toile.

Conformément à son orientation, le site est évolutif et interactif, dans la mesure où le visiteur peut y déposer ses propres impressions sur l’artiste, et ainsi infléchir à la fois sur la composition de sa production, et la réception de celle-ci par les visiteurs. L’œuvre se construit donc totalement par le biais de la conversation et l’exégèse, indépendamment de l’artiste, contribuant à en faire non plus une œuvre personnelle mais collective, défiant toute subjectivité.

L’œuvre de Nancy Carter, dans l’œuvre de David Vincent, elle-même à considérer dans le cadre de la collection Yoon Ya Choi et Paul Devautour, engage à penser l’art et la création contemporaine, par la mise en abîme. Elle approche la question de la notoriété de l’artiste en tant qu’unique forme de visibilité de l’œuvre, tout en affirmant l’enjeu lié à la production d’une œuvre vive et autonome. Cette question, qui conditionne la modernité d’une œuvre, se trouve cependant mise à mal, non sans cynisme, par la stratification des différents rôles et des différents acteurs du monde de l’art. Sous l’apparence de liberté créative que laisse David Vincent à Nancy Crater, et Nancy Crater aux visiteurs-critiques, se découvre, à l’image de la structure ramifiée du net, la complexité relationnelle et l’interdépendance entre médiateurs de l’art et artistes. Là, l’artiste doit avant tout savoir communiquer sur lui et maîtriser les modes de promotion de son œuvre. Le constat d’un monde où le regard a cessé de se focaliser sur la seule production plastique, mais tend devenir multipolaire.

Nancy Crater, ou l’art du kaléidoscope.